Comment sont nés les différents courants du judaïsme ?
Au XIXe siècle, en Europe, les Juifs peuvent désormais devenir citoyens.
Auparavant, les juifs vivaient en communauté fermée, dans des quartiers juifs qui leur permettaient un mode de vie en conformité avec la halakha. Dès lors qu’on leur ouvre les portes de la société occidentale moderne, de nouvelles questions se posent. En effet, comment s’adapter au mode de vie de leurs voisins chrétiens tout en conservant leur identité juive ?
Beaucoup de Juifs souhaitent s’intégrer pleinement dans la société moderne.
Un certain nombre de juifs abandonnent le judaïsme pour entrer dans la vie civile.
L’assimilation signifie le fait d’adopter la culture environnante, exclusivement.
Un certain nombre de questions se posent :
- L’entrée dans un mode de vie moderne / Participer à la vie de la société : en exerçant des métiers comme celui de médecin, en faisant une carrière par exemple militaire, peut-elle être compatible avec la pratique des mitsvot, comme celle du Chabbat* ?
- Les domaines des sciences, de l’Histoire et de l’archéologie font, à cette époque, des bonds en avant. Par exemple, on peut dater avec précision des vestiges aussi vieux que la Bible. Comment concilier une étude de ces domaines scientifiques, tout en conservant ses croyances fondée sur les textes de la Torah* et du Talmud* ?
- L’égalité entre les personnes, notamment entre les femmes et les hommes, progresse. Comment mettre en oeuvre cette égalité en tenant compte de la Halakha* ?
- L’importance de la loi juive par rapport à la loi civile : Par quel moyen les Juifs pourront-ils suivre les règles dictées par la Halakha dans les pays où ils résident ?
- L’aspiration à retourner à Sion ou sionisme : Comment les Juifs vont-ils exprimer cet attachement fort à la Terre promise aux patriarches* depuis les pays où ils se trouvent ?
Beaucoup d’autres juifs vont chercher les moyens de concilier la pratique du judaïsme avec le mode de vie moderne.
Le courant ‘Harédi (« Craignant-Dieu »), qui se situe essentiellement en Europe de l’Est et refuse toute intégration et toute adaptation à la société civile. L’attachement aux traditions ancestrales y est très présent. C’est pourquoi aujourd’hui encore, certains ‘harédim s’habillent à la manière du XVIIIe siècle.
On les appelle parfois les ultra-orthodoxes.
voir l'article https://www.e-talmud.com/reperes-chronologiques/content/hassidisme.
Le judaïsme libéral
Au XIXe siècle, certains rabbins décident de réformer le judaïsme pour selon eux être mieux adapté à la vie occidentale moderne. Le mouvement libéral considère que la loi juive doit s’adapter à l’époque moderne et que les valeurs juives sont plus importantes que la halakha. La première synagogue libérale est fondée en Allemagne, à Hambourg, en 1818, et en France en 1907, à Paris, rue Copernic.
Dans ces synagogues, les hommes et les femmes peuvent prier côte à côte. La première femme rabbin, Regina Jonas, est ordonnée en 1935.
Une partie des offices est dans la langue du pays, les offices sont plus courts et certaines prières sont modifiées, et les instruments de musique sont autorisés le Chabbat.
Aujourd’hui, le judaïsme libéral existe dans beaucoup de pays. C’est le courant majoritaire aux Etats-Unis (en anglais Reform ou Progressive Judaism).
Le judaïsme orthodoxe moderne
Le rabbin allemand Samson Raphaël Hirsch fondent le mouvement orthodoxe moderne au milieu du XIXe siècle. Il pense que les Juifs peuvent participer à la vie moderne tout en restant fidèle à la halakha.
Les orthodoxes s’habillent à la mode occidentale et s’intègrent à la société. Mais aucun changement n’est fait dans les synagogues : les femmes et les hommes sont séparés, les offices sont entièrement en hébreu et les offices n’ont aucune modification.
Aujourd’hui, le courant orthodoxe connaît une grande diversité de pratiques. Par exemple, les néo-orthodoxes (en anglais Modern Orthodox) acceptent que les femmes lisent dans la Torah.
Le judaïsme massorti
Le judaïsme massorti naît en Allemagne au XIXe siècle sous l’impulsion du rabbin Zacharias Frankel qui s’oppose à la fois aux libéraux et aux orthodoxes sur leur vision de la halakha. Pour lui, la halakha n’est pas un bloc immuable qu’il faudrait réformer ou préserver. Le judaïsme a toujours évolué avec l’Histoire. Il pense que la halakha doit rester centrale et qu’il est possible de faire des adaptations en conformité avec le débat talmudique. Par exemple, le statut de la femme a évolué dans les synagogues massorties et la première femme rabbin a été ordonnée en 1985 aux Etats-Unis.
Le judaïsme massorti se développe surtout aux États-Unis à partir de 1886 sous le nom de « Conservative Judaism ».
En France, le mouvement massorti est introduit en 1980, avec la communauté Adath Shalom (à Paris).